Depuis
un peu plus d’une dizaine d’années, le golf a
connu une forte croissance, passant de plus de 35 millions de joueurs en 2003 à
plus de 65 millions de joueurs aujourd’hui dans le monde. Il est à ce titre le
sport individuel le plus pratiqué. Depuis 2009, le golf est redevenu une
discipline olympique et il sera au programme des Jeux Olympiques de Rio 2016.
Figure 1. Un long drive nécessite de frapper la balle le plus
rapidement possible.
Le
golf est un sport où la technique est prépondérante, et de ce fait, le
développement des qualités physiques des joueurs n’est apparu que très tardivement
dans cette discipline. La principale crainte étant que le geste et la
performance qui en résulte soient détériorés par le gain de force et/ou le
manque de souplesse qui pourrait survenir suite à un renforcement musculaire.
Pourtant, les exigences de ce sport nécessitent une très bonne condition
physique et des qualités de force, d’explosivité et de mobilité très
importantes.
De
nombreuses études ont montré que la vitesse de la tête du club de golf était
fortement corrélée à la distance d’un drive (i.e., le premier coup d’un
parcours où l’objectif est d’envoyer la balle le plus loin possible). Or les
vitesses peuvent dépasser les 160
km/h , avec un temps de 0.2s seulement pour atteindre
cette vitesse. Il semble donc intéressant de travailler sur les qualités de
force et d’explosivité. La plupart des études ont étudié l’influence d’une
préparation physique sur les performances au golf, mais elles étaient
principalement réalisées avec des joueurs débutants ou séniors d’un niveau
moyen. Mais en serait-il de même pour des joueurs de
haut-niveau dont les aptitudes au golf sont déjà excellentes ?
L'étude
réalisée
Pour
répondre à cette question, une équipe de chercheurs espagnols ont voulu étudier
l'impact d'un programme d'entraînement de la force sur l'anthropométrie, les
qualités physiques et la performance spécifique en golf chez des golfeurs avec
un faible handicap. Le programme a duré 18 semaines et était divisé en 3
parties. Les effets de ce programme ont été comparés à ceux d'un programme
d'entraînement classique.
Pour
ce protocole, 10 hommes, droitiers ont participé. Leur handicap était inférieur
ou égal à 5 (i.e., un excellent niveau, 0 étant
le meilleur handicap). Le protocole a été mis en place durant la saison
compétitive (i.e., de mars à juillet). Les 10
joueurs ont été répartis dans 2 groupes :
o
Groupe Contrôle (n = 5) : Ce groupe suivait le même programme d'entraînement pendant
18 semaines.
o
Groupe Expérimental (n = 5) : Ce groupe a suivi 3 programmes d'entraînement durant les
18 semaines du protocole. Une première phase de force maximale de 6 semaines,
une seconde phase de force explosive de 6 semaines et une dernière phase de 6
semaines avec un renforcement musculaire spécifique au golf.
Chaque
groupe a suivi un programme d'entraînement spécifique décrit dans la table 1 et la Table 2 (Voir annexe bas de page pour visualiser les
programmes). Durant ce protocole, tous les golfeurs ont réalisé des
tests à 5 occasions :
o
T1 : 1 semaine avant le début du protocole.
o
T2 : 6 semaines après le début du protocole, soit juste après
la phase de force maximale pour le groupe Expérimental.
o
T3 : 12 semaines après le début du protocole, soit juste après
la phase de force explosive pour le groupe Expérimental.
o
T4 : 18 semaines après le début du protocole, soit juste après
la phase de renforcement spécifique pour le groupe Expérimental.
o
T5 : 5 semaines après la fin du protocole.
Les
tests réalisés comprenaient des mesures anthropométriques (i.e.,masse corporelle, masse
grasse, masse musculaire), des mesures de force explosive (i.e., SJet CMJ), des mesures de la force de préhension,
des mesures de la force maximale (i.e., sur tous les exercices de
musculation utilisés lors des séances) et des mesures de la performance en golf
(i.e., La vitesse de la balle et
l'accélération moyenne du club).
Résultats
& Analyses
Les
principaux résultats de cette étude montrent que le
protocole de 18 semaines mis en place a permis d'augmenter significativement la
force maximale des membres supérieurs et inférieurs, la force explosive ainsi
que les performanes spécifiques au golf (i.e., la vitesse de balle et l'accélération moyenne du
club)(Fig. 2 et 3). Cependant, aucune amélioration n'a été observée pour la
force de préhension. Ces améliorations sont toutes significativement
supérieures à celles du groupe Contrôle. Celui-ci n'a d'ailleurs ni progressé
ni regressé lors de l'étude.
Figure 3. Évolution de l'accélération moyenne du club
Les
données obtenues grâce aux tests montrent que tous les paramètres de force ont
été significativement améliorés dès la sixième semaine d'entraînement pour le
groupe Expérimental. Toutefois, la vitesse de balle et l'accélération moyenne
du club n'ont été significativement améliorées qu'à partir de la 12ème semaine. Ces
résultats laissent donc penser que le golfeur peut bénéficier d'un programme
d'entraînement de la force maximale et de la force explosive, mais que le
transfert à l'activité du golf prend un certain laps de temps.
Le
swing au golf est un geste très complexe qui nécessite une grande coordination
musculaire. Les améliorations peuvent être dues à des modifications dans la
cinématique et la cinétique du geste, permettant aux golfeurs de transférer
plus d'énergie à la balle. Il aura simplement fallu quelques semaines pour que
chaque joueur puisse adapter leur technique à leur nouveau potentiel physique.
Les
résultats montrent également que malgré une période de désentraînement de 5
semaines après la fin de l'étude, aucune des variables mesurées n'a diminué
significativement. Comme de nombreuses études le montrent, les gains obtenus
grâce à un programme d'entraînement de la force maximale et explosive sont
durables même après l'arrêt total.
Applications
pratiques
Les
résultats de cette étude sont plutôt encourageants pour les golfeurs et leurs
entraîneurs et montrent qu'un
entraînement de force couplé à un entraînement spécifique de golf permet des
gains supérieurs à un programme d'entraînement classique chez des joueurs à
faible handicap. Cela étant dit, les gains ne sont pas
immédiatement transférés à la performance spécifique de golf (ici, le swing).
Il est nécessaire d'attendre quelques semaines pour que le joueur puisse
réajuster sa technique. Comme toujours, la préparation physique doit donc être
pensée et préparée pour s'adapter aux exigences du sport mais également à son
calendrier. Enfin, l'étude ne précise pas ce qu'il en est de la dispersion des
coups, c'est-à-dire, si le coup est suffisamment précis. Car au golf, il faut
non seulement envoyer la balle loin, mais à un endroit précis.
Le
faible nombre de participants limite l'extrapolation de ces résultats à tous
les niveaux de golfeurs. Toutefois, l'amélioration des performances spécifiques
au golf chez des joueurs expérimentés et compétiteurs démontrent l'intérêt
d'optimiser la préparation de ce sport qui est bien plus physique qu'il n'y
parait. Coupler un entraînement de la force à un entraînement spécifique semble
être une très bonne solution pour tenter d'améliorer le potentiel de chaque
joueur. Toutefois, il nous semble impératif d'ajouter à cela un travail de la
souplesse et de la mobilité pour un meilleur transfert des gains.
N'hésitez pas à poser
toutes vos questions et à discuter de cet article sur mon blog.
Références
1.
Alvarez M, Sedano S,
Cuadrado G and Redondo JC. Effects of an 18-week strength training program on
low-handicap golfer's performance. J Strength Cond Res 26 (4) : 1110-1121, 2012.