L'un et l'autre sont aussi indissociables que les pensées et les émotions, explique le psychiatre Christophe André. Pour ce grand partisan de la psychologie positive, apprendre à gérer ces interactions nous permet d'améliorer notre santé.
lundi 17 octobre 2016
mercredi 12 octobre 2016
DOSSIER : LA NUTRITION DU SPORTIF DE COMPÉTITION
DOSSIER : LA NUTRITION DU SPORTIF DE COMPÉTITION
Bien s’alimenter est essentiel pour la santé, la forme et la performance. Il existe des besoins nutritionnels spécifiques lors de la pratique sportive. Face aux idées reçues et aux erreurs souvent commises, une véritable stratégie nutritionnelle est à développer, tant à l’entraînement que lors de la compétition.
La pratique sportive, valorisée par le contexte socio-culturel et par les médias, a sans conteste un effet bénéfique sur la santé. Quel que soit le type, le niveau ou la fréquence de la pratique, elle s’inscrit dans un objectif de bien-être, de plaisir et de réussite. La nutrition est l’un des moyens pour parvenir à un meilleur état de santé et à une amélioration des performances. Du sportif occasionnel au sportif professionnel, il existe une très grande diversité des modes de pratique sportive. L’échelle des dépenses énergétiques va de 2500 kcal/j environ à 6500 kcal/j en moyenne pendant 3 semaines, pour un cycliste du Tour de France. (voir Tableau 1). De plus, par forte chaleur, les pertes sudorales peuvent atteindre, voire dépasser 15 litres/jour. Les besoins nutritionnels seront proportionnels à ces dépenses.
L’ÉNERGÉTIQUE MUSCULAIRE
Du point de vue nutritionnel, les sports sont considérés sous l’angle des besoins énergétiques. La fibre musculaire transforme de l’énergie chimique en travail mécanique lors de la contraction (raccourcissement des sarcomères, interaction entre les myofilaments d’actine et de myosine).
Il existe plusieurs types de fibres musculaires : les fibres I (“rouges”, toniques, riches en myoglobine et mitochondries, avec les réactions oxydatives, aérobies) ; les fibres IIB (“blanches”, phasiques, riches en enzymes de la glycolyse anaérobie), les fibres IIA, intermédiaires, les fibres IIC, indifférenciées,… Les muscles contiennent les différents types de fibres, et donc de métabolismes, dans des proportions variables selon le muscle, le sexe, l’âge et surtout l’individu.
Sédentaire Activité légère Activité modéré Activité intense
140 175 140 à 180 280 à 420 420¹525²
175 à350 350 à 525
jeu de cartes boules badmington alpinisme
instrument de musique cricket course athlétisme
croquet danse aviron
golf equitation basket ball
tennis de table gymnastique boxe
tir à l’arc hockey rugby
voile jardinage triathlon
volley-ball natation squash
ski
tennis
vélo
¹ en Watts pour une femme de 55kg, ² en Watts pour un homme de 65kg.
* La dépense Energétique totale de l’exercice est obtenue en multipliant la valeur (en watts) par la durée (en secondes) divisée par 4180, pour une expression en kcal.
Tableau 1
L’entraînement a un rôle d’hypertrophie (volume) et non d’hyperplasie (nombre de fibres). L’ATP, seule molécule utilisée par les myofilaments est en faible concentration dans le muscle ; elle doit être rapidement resynthétisée, pour la poursuite de l’exercice, par un apport d’énergie. Celle-ci provient d’abord de la phosphocréatine du sarcoplasme, immédiatement disponible et permettant de très fortes puissances sur quelques secondes. Ce système anaérobie alactique (ni air utilisé, ni lactate produit) couvre les épreuves de 0 à 20 secondes (sprints, sauts, lancers). Il sera relayé par celui anaérobie lactique, produisant du lactate par la voie de la glycolyse à partir du glycogène musculaire, pour les exercices de 20 s à 2 min (400 m plat, 100 m natation). Pour ceux de plus de 2 à 3 minutes (du 1500 m au marathon et plus), le système aérobie prévaut : oxydation du glycogène musculaire, du glucose, provenant du foie ou de l’alimentation, et des acides gras du tissu adipeux, jusqu’au stade d’eau et de CO2. La teneur initiale en glycogène musculaire, déterminante pour l’endurance, est augmentée par l’alimentation hyperglucidique.
L’ALIMENTATION QUOTIDIENNE DU SPORTIF
On ne s’intéresse souvent à l’alimentation du sportif qu’à l’occasion des compétitions. Or l’alimentation quotidienne est, chez beaucoup d’entre eux, déstructurée (grignotage) et trop riche en glucides simples et “rapides” et en lipides. Si le poids corporel est maintenu, en revanche sa composition risque de ne pas répondre aux besoins de performance et de récupération, d’où des états de méforme. L’alimentation mérite donc un suivi régulier bien avant la compétition. Elle répond à des critères quantitatifs, d’apports énergétiques, proches des dépenses, et qualitatifs, d’apports en macro et micro-nutriments, bien définis, par exemple par l’alimentation “421 GPL - EAU de CREFF”, base de l’alimentation équilibrée et variée, largement utilisée par les sportifs. Pour répondre à l’augmentation des dépenses énergétiques, il est conseillé quatre ou cinq repas par jour, avec une collation à mi-matinée et/ou un goûter (Tableau 2).
ALIMENTATION QUOTIDIENNE LES 3 JOURS PRÉCÉDANT L’ÉPREUVE
• petit-déjeuner : • petit-déjeuner :
Jus de fruit 150 ml (un verre) idem
muesli 80g et lait demi-écrémé 100 ml idem
jambon ou viande froide 50g et pain 60g idem
yaourt ou fromage blanc 0 % 125 g, confiture 30 g riz au lait 100g et café ou thé et miel 10g
café ou thé (une tasse) et miel 10 g idem
• déjeuner : • déjeuner :
crudités 150 g et huile 10 g crudités 150 g
viande rouge ou blanche 120 g cuisse de poulet ou steack haché 5 % MG 100g pomme de terre 300 g (sans beurre)
jardunière ou légumes verts 300g,
10 g de beurre
yaourt ou fromage blanc 0 % 125 g
ou sec 30 g
fruit 200 g
< pain 100 g et 2 verres d’eau (300ml) idem
• collation : • collation :
gâteaux secs ou biscuits chocolatés 60 g ou idem (sauf biscuits chocolatés)
2 barres céréalières ou pain
confiture
muesli 80g et lait demi-écrémé 100 ml
jambon ou viande froide 50g et pain 60g idem
yaourt ou fromage blanc 0 % 125 g, confiture 30 g idem
café ou thé (une tasse) et miel 10 g
• dîner : • dîner :
soupe 200ml ou crudités huile 10g salade de maïs ou pommes de terre 150g
poisson 150 g ou 2 à 3 oeufs idem ou viande blanche ou rouge 100g
pommes de terrs ou riz (féculents) 300 g spaghetti al dente 400g*° à 1 kg° (poids
gâteau de riz ou semoule au lait 200 g cuit)
fruit (pomme) ou compote 200 g idem
pain 80 g et 2 verres d’eau idem
entre les repas, eau selon besoins
Soit au total 3500 kcal, 59% glucides, Soit au total 3900 kcal, 65% glucides (600g 25% lipides et16 % de proteines de pâtes), 20% lipides et 15% protéines
Exemples de repas, pour l’alimentation quotidienne et pour celle des 3 jours avant l’épreuve sportive (type marathon).
Respecter les goûts, préférences, aversions et intolérances individuelles. L’alimentation quotidienne doit être équilibrée et variée.
* 1er et 2ème soirs °3ème soir, selon niveau d’entrainement et durée de compétition
Tableau 2
LA STRATÉGIE NUTRITIONNELLE DE LA COMPÉTITION D’ENDURANCE
Elle est à mettre en place la semaine précédant l’épreuve (type course de fond, cyclisme, triathlon, …), pendant et après celle-ci. Ses buts sont : maintenir un état d’hydratation optimal, augmenter les réserves de glycogène avant l’épreuve et les gérer au mieux pendant et après celle-ci.
Elle concerne avant tout l’eau et les glucides et répond aux principes suivants : plus l’ingestion alimentaire est éloignée de l’épreuve, avant comme après, plus les glucides ingérés seront complexes (amidon) et d’index glycémique (IG) bas (« lents »), plus l’épreuve est proche, voire pendant celle-ci, plus les glucides seront simples et d’IG le plus élevé possible (« rapides »). Une idée reçue encore répandue chez les sportifs est à réfuter : les glucides complexes ne sont pas tous « lents » ni les glucides simples « rapides ». Ainsi, le glucose, le maltose et les pétales de maïs ou les flocons de pomme de terre sont fortement hyperglycémiants et hyperinsulinémiants, d’IG très élevés. Les pâtes et le fructose ont un IG bas et les pommes de terre à chair ferme, le riz complet et le saccharose élevé.
Un principe essentiel : tout aliment ou boisson doit être testé plusieurs fois au préalable, à l’entraînement. Le tube digestif du sportif est fragile. Les aliments épicés, gras ou alcoolisés et toute préparation ou assaisonnement inhabituels sont à éviter.
- Avant l’épreuve :
Pendant les trois jours avant l’épreuve, et surtout 8 à 12 h avant
(« pasta » partie du marathonien) : le « régime dissocié modifié » augmente les réserves de glycogène : alimentation hypercalorique, hyperglucidique (65 à 70 % de l’apport énergétique total), surtout d’IG bas (pâtes), et normoprotéique (15%) et arrêt de l’entraînement. Le régime « scandinave », source de trop nombreux désagréments, est à abandonner.
Le jour de l’épreuve, terminer le repas 3 heures avant la compétition ; sa composition sera proche de celle des jours précédents, mais glucides moins « lents » (pommes de terre).
Entre 3 heures et 15 minutes avant l’épreuve, ingestion régulière, toutes les 30 min, d’eau du robinet, de source ou minérale, accompagnée (ou non) de biscuits, de barres céréalières, … , d’un yaourt et d’un fruit mûr. Le sportif anxieux ou hyperinsulinosensible, prendra, 60 à 15 min avant le départ une boisson à 30 g/l de fructose.
10 à 15 minutes avant le départ : ne rien ingérer, si ce n’est un verre de boisson spécifique pour sportif ou de jus de fruit (glucose).
L’ALIMENTATION PENDANT L’ÉPREUVE
Elle a pour objectifs d’apporter de l’eau avant tout, ainsi que des glucides. Epreuves de 1 à 2,5 heures : la forte production de chaleur est éliminée surtout par l’évaporation de la sueur (580 kcal/l), facteur de déshydratation, avec le risque d’hyperthermie ou de malaise cardio-vasculaire. Il est essentiel, voire vital, de réhydrater, avec des boissons de qualité, comportant des micronutriments et des glucides d’IG très élevé, d’osmolarité adaptée aux besoins, et agréables à consommer. Lorsque le risque de déshydratation est important et l’exercice de faible intensité, boire 1 à 1,5 l/h d’une boisson à 25 à 40 g/l de glucides (diluer les « boissons de l’effort » ou les jus de fruits). Lors d’exercices intenses, essayer d’ingérer au moins 0,6 l/h d’une boisson à 50 à 70 g/l de glucides. En ambiance thermique froide, ingérer 0,3 à 0,5 l/h, boisson à 100 à 150 g/l de glucides. Lors d’épreuves de plus de 2,5 heures, ajouter aux boissons, toutes les 1 à 2 h, des aliments solides : barres énergétiques ou céréalières, pâtes de fruits, petits sandwiches (pain, jambon).
Pour les matches, essayer d’ingérer, à chaque arrêt de jeu ou de mi-temps, au moins un verre de « boisson de l’effort » ou de jus de fruits dilué (50 à 70 g/l de glucides).
L’ALIMENTATION EN PHASE DE RÉCUPÉRATION
Trop souvent négligée après l’épreuve, l’alimentation a pourtant un rôle essentiel dans la réhydratation, la recharge des réserves glycogéniques et protéiques et l’élimination des « toxines » de fatigue et de la charge thermique, et ce le plus rapidement possible.
Dès la fin de l’épreuve, et pendant 2 à 4 heures, ingérer toutes les 15 minutes, 150 à 300 ml de boisson de l’effort ou de jus de fruit (glucose et fructose), coupés environ pour moitié d’eau bicarbonatée, pour atteindre 50 à 70 g/l de glucides.
A partir d’une heure après l’effort, ingérer également des aliments solides apportant des protéines (viande blanche ou rouge). Puis, 2 à 4 h après l’arrivée, prendre un repas comportant (apport énergétique) 65% de glucides, 15% de lipides et 20% de protéines.
VITAMINES, COMPLÉMENTS ET SUPPLÉMENTS ?
Pour récupérer plus vite, pour être plus en forme et dynamique, le sportif, comme beaucoup d’autres, a recours aux compléments et aux suppléments les plus divers : environ 600 produits pour sportifs sont commercialisés en France. Les « aliments de l’effort d’apport équilibré, ou lipidique ou glucidique » (« énergétiques ») ont leur composition réglementée par l’arrêté du 20 juillet 1977. Les derniers sont très utiles pour les compétitions de longue durée. Ne pas les confondre avec les « boissons énergisantes », contenant parfois trop de caféine.
Les nombreuses substances ergogéniques (stimulants psychiques et métaboliques) ont souvent un seul effet placebo. Beaucoup n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Quelques-unes sont dangereuses à doses élevées ou peuvent rendre positif un contrôle antidopage (extraits d’Ephedra, de noix vomique ou de pavot) et sont donc à éviter formellement. Les mélanges polyvitaminés sont inutiles au-delà de 2,5 fois environ l’apport nutritionnel conseillé.
L’adage « donnons au sportif de tels produits pour éviter qu’il ne fasse appel à d’autres, interdits », met en fait sur le chemin de la recherche de la substance miracle, au risque d’être pris dans un engrenage redoutable. Un sportif en bonne santé n’a pas besoin de médicaments, à titre préventif. L’automédication est aussi à déconseiller formellement.
CONCLUSION
La prise en charge de l’alimentation spécifique d’un sportif, qu’il soit d’endurance ou de développement de la masse musculaire (spécifique elle aussi) ne peut se faire valablement au dernier moment, peu avant une compétition. Ce véritable suivi, partie intégrante du suivi médical, est à instaurer dès le début de la saison sportive. Des erreurs alimentaires sont souvent dépistées, à corriger progressivement.
Dr Gilbert PÉRÈS
Physiologie et Médecine du Sport,
CHU Pitié-Salpétrière, Paris
Bibliographie
CREF A.F., BERNARD L. - Diététique sportive.
Masson Ed, Paris 1991.
MONOD H. - Nutrition du sportif, Coordination H. MONOD,
Masson Ed, paris 1990.
PÉRÈS G. - L’alimentation du sportif. In « La nutrition humaine. La recherche au service de la santé »,
DESJEUX JF et HERCBERG S. Dossiers documentaires INSERM Nathan Ed paris, 1996
40
mercredi 5 octobre 2016
LA VISUALISATION ET L'IMAGERIE MENTALE ? QU'EST-CE QUE C'EST
Visualisation et imagerie mentale - La visualisation et l’imagerie mentale, qu’est-ce que c’est?
Apparentées
à l'autohypnose, la visualisation et l'imagerie mentale sont des techniques qui visent à
mettre en oeuvre les ressources de l'esprit, de l’imagination et de l’intuition pour améliorer les performances et le
mieux-être. Bien que les 2 termes soient souvent utilisés indistinctement,
on s'accorde généralement sur la différence qui suit : dans la
visualisation, on impose des images
précisesà l'esprit,tandis que l'imagerie cherche à faire émerger les
représentations qui appartiennent à l'inconscient du sujet.
Les
2 techniques possèdent plusieurs champs d'application et sont parfois
utilisées conjointement. On y a notamment recours dans le domaine sportif, où elles font
maintenant partie de l'entraînement de tout athlète de haut niveau. Dans le domaine thérapeutique, elles
peuvent servir dans des situations fortement dépendantes du psychisme, pour
modifier un comportement ou réduire le stress, par exemple. Pour ce qui est de
soigner des malaises ou des maladies, elles servent généralement de manière
complémentaire aux traitements médicaux. Elles font toutes deux partie de ce
qu’on appelle désormais la psychoneuroimmunologie,
qui comprend des techniques comme la méditation, l’hypnose ou le biofeedback,
avec lesquelles elles sont d’ailleurs souvent utilisées.
La
visualisation
La visualisation est cette capacité mentale que nous
avons de nous représenter un objet, un son, une situation, une émotion ou une
sensation. Selon son intensité, cette représentation peut déclencher plus ou
moins les mêmes effets physiologiques que le ferait la réalité. Quand, par
exemple, on a très peur dans le noir, les manifestations corporelles de la peur
sont pratiquement les mêmes que si un monstre nous menaçait vraiment. À
l'opposé, penser à une situation
agréable amène le corps dans
un état réel de détente.
Imaginez-vous en train de couper un citron en quartiers, de
humer un de ceux-ci, puis d'y mordre à pleines dents, le jus coulant dans votre
bouche... Si vous savez ce qu'est un citron et que vous avez fait l'exercice
consciencieusement, il est probable que vous ayez salivé en réaction à la forte
acidité du fruit – même si cette acidité n'était qu'imaginaire.
On
se sert donc de la visualisation pour agir sur des comportements ou des
processus physiologiques (pour accélérer la guérison, par exemple). Pour
certains objectifs, les représentations mentales de la visualisation doivent
être conformes à la réalité.
C'est le cas quand une personne se prépare à accomplir une activité qui lui
paraît risquée ou difficile, disons un plongeon du tremplin de 10 mètres . De
manière systématique, le sujet se représente tous les éléments de
l'activité : le lieu, l’attitude souhaitée, les détails précis de chaque
élément du plongeon, les étapes telles qu'elles doivent se dérouler ainsi que
le sujet lui-même en train de surmonter les difficultés. Répété de manière
intensive, cet exercice aurait un effet conditionnant sur l'organisme, qui
serait ainsi plus susceptible de se conformer au scénario prévu, durant le
véritable plongeon.
Dans
d'autres situations, il semble préférable que la visualisation se transporte
sur le terrain de la métaphore. La visualisation
curative utilise souvent
cette approche : il s'agit de donner une forme symbolique à la maladie et
à ce qui va la faire disparaître. Dans ce registre, il existe des
visualisations positives et négatives. Prenons le cas d'une brûlure sur un
bras. Une visualisation
positive consisterait, par
exemple, à imaginer un animal fantasmagorique et bienfaisant (seulement si le
sujet aime les animaux) en train de lécher la plaie pour la faire disparaître.
Ce pourrait aussi être de simplement se représenter soi-même avec le bras
guéri, comme par magie. Une visualisation
négative, d'autre part, pourrait avoir recours à une armée d'ouvriers qui,
sans relâche, travailleraient à capturer les agents infectieux qui se créent
dans la plaie et à les écraser pour les rendre inoffensifs.
Il
existe un débat chez les théoriciens et les praticiens à savoir si les visualisations sont plus efficaces lorsqu'elles sont
négatives ou positives. Quelques règles semblent toutefois s'imposer :
- il faut
que le sujet soit à l'aise avec le scénario;
- l'image
choisie pour représenter la maladie (ou le problème) ne doit pas être
terrifiante;
- s'il
s'agit d'une maladie, il n'est pas nécessaire de se représenter les
détails physiologiques du processus de guérison, mais une précision
minimale demeure nécessaire (envoyer des ouvriers attaquer des cellules
dans l'estomac quand la maladie se situe au foie ne serait d'aucune
utilité...).
Supposons qu'un incident déjà passé continue de contaminer notre existence au-delà de ce qui est souhaitable et que l'on n'arrive pas à l'oublier. Un exercice approprié pourrait être de donner une forme symbolique au sentiment, disons une bouteille remplie de larmes. Il faut alors se la représenter très en détail - forme, couleur, texture, poids, etc. –, puis lui dire explicitement que l'on doit s'en séparer pour continuer sa route. Se représenter ensuite en train de marcher dans une forêt, de trouver une petite clairière, de creuser un trou avec une pelle et d'y déposer la bouteille. On lui fait alors ses adieux avec conviction (« je te laisse ici pour toujours ») avant de remplir le trou de terre, replaçant la mousse et les plantes sauvages sur le dessus. Puis on se représente en train de quitter la clairière, de refaire le chemin inverse dans la forêt, et de réintégrer sa maison, le coeur soulagé.
L’origine
On
reconnaît généralement au Dr Carl Simonton, cancérologue
américain, d'avoir conçu et popularisé l'usage de la visualisation à des fins thérapeutiques. Dès le
début des années 1970, intrigué par le fait que, malgré un diagnostic
identique, certains patients meurent et d'autres non, il explore le rôle dupsychisme dans l'histoire médicale de ses
patients. Il observe notamment que les malades qui guérissent sont des battants
capables de se persuader
qu'ils peuvent guérir et se
voient le faire. De même, le médecin qui croit à la guérison de son patient et
qui peut arriver à le communiquer obtient de meilleurs résultats que le
confrère qui n'y croit pas. Simonton connaissait les travaux du Dr Robert
Rosenthal1 sur la
« réalisation automatique des prédictions », publiés quelques années
plus tôt. Ces travaux démontraient comment les gens se comportent souvent de
manière à augmenter la probabilité qu'une attente se réalise, qu'elle soit
positive ou négative.
Convaincu
de la nécessité d'apprendre aux patients à devenir des battants, le Dr Simonton
intègre un entraînement en ce sens à son programme médical de soins. Cet
entraînement comprend plusieurs éléments, dont des exercices de visualisation au cours desquels les patients se
représentent le traitement médical sous
forme de petites entités (on leur suggère d'utiliser des Pac-Man, popularisés à l'époque
dans les premiers jeux vidéo) en train de dévorer leurs cellules cancéreuses.
La méthode Simonton a toujours été conçue comme un complément au traitement
médical classique et est encore pratiquée de cette manière.
L'imagerie mentale
Ce qu'on appelle généralement l'imagerie mentale a comme fonction de faire surgir àl'esprit des images produites par l'imagination, l’intuition et l'inconscient, comme ce qui se passe dans le rêve. L'idée est de recourir à l'« intelligence » de l'inconscient et à la capacité de l'organisme de « savoir » ce qu'il vit et ce qui est bon pour lui. La plupart du temps, l’imagerie mentale se fait avec l’aide d’un intervenant qui peut guider le processus, et aider à en décoder le sens et à en tirer des applications concrètes.Cette technique est utilisée dans différents contextes plus ou moins thérapeutiques : pour mieux connaître divers aspects de soi, pour stimuler la créativité dans tous les aspects de sa vie, pour comprendre les causes d’une maladie et trouver des moyens de se soigner. Afin d’atteindre l'état de détente mentale nécessaire à l'émergence d'images qui ne sont pas dictées par le conscient, il faut amorcer l'exercice par une période de relaxation plus ou moins importante et libérer l'esprit des préoccupations courantes. Ensuite, le sujet amorce une « aventure mentale » qui offre un contexte favorable et laisse des situations se concrétiser dans son esprit. |
Selon
la capacité de l'individu à se détendre et à solliciter son imagination, selon
aussi la complexité de l'information recherchée, un exercice d’imagerie
mentale peut prendre
30 minutes ou davantage. Certaines personnes peuvent avoir de la
difficulté à laisser émerger les images. L’accompagnement d'un thérapeute ou
l’écoute d’enregistrements qui dictent le processus peut alors être très
bénéfique. On suggère fréquemment de faire suivre l'exercice par un dessin ou
un récit écrit du « rêve éveillé » afin d'intensifier l'effet de
l'expérience.
Les
éléments de base des deux techniques
Malgré
la grande simplicité de la visualisation et de l'imagerie mentale, ces
techniques répondent à certains paramètres qu'il est important de respecter
pour obtenir du succès.
- Le
respect de soi. On ne
s'aventure pas dans des territoires où l'on se sent mal à l’aise ni dans
des scénarios qui contredisent nos valeurs.
- L'écoute
de son corps. Comme ces
techniques sollicitent les ressources de tout l'organisme, les
renseignements que donne celui-ci (contractions, énervement, tensions,
émotions, etc.) doivent inspirer le rythme et l'orientation de la
démarche.
- Réduire
les gros objectifs en plusieurs plus petits. Tout processus de guérison, tant
psychologique que physique, peut être décortiqué en plusieurs étapes.
- Se
faire confiance. Ces
approches reposent sur le pouvoir de persuasion et seule une personne qui
a confiance en ses moyens peut exercer de la persuasion.
- Il n'existe sans
doute pas de limites aux situations dans lesquelles la visualisation ou l’imagerie mentale peuvent jouer un certain rôle.
Mais dans beaucoup de cas, l'effet ne peut être évalué que de manière
subjective. Mentionnons aussi que ces approches sont souvent utilisées de
concert avec d’autres techniques similaires, l’autohypnose et la relaxation, par exemple.
Il est donc parfois difficile de départager l’action spécifique de chacune
d’elles. La visualisation est une pratique sans danger, pourvu qu'on ne la
choisisse pas au détriment d'un traitement susceptible d'avoir une plus
grande efficacité. Il n'y a donc pas de risque à l'essayer dans toutes sortes
de situations. Le Dr Andrew Weil2 la suggère en particulier, mais
sans s’y limiter, dans le cas de maladies que l’on soupçonne de posséder
une importante composante
psychologique, comme les maladies de la peau, les maladies reliées au
stress, plusieurs maladies auto-immunes, etc.
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